ACORN Canada : à l’intersection du climat et du logement abordable

Quand le personnel d’ACORN Canada discute avec des locataires, il est rarement question de justice climatique, du moins pas explicitement. Pourtant, les problèmes mentionnés par les gens, par exemple des fenêtres qui ne sont pas étanches, une climatisation ou un chauffage inadéquat, et des immeubles ayant besoin d’être rénovés, ont des conséquences négatives non seulement sur la santé et l’expérience des locataires, mais aussi sur l’environnement.  

ACORN (Association of Community Organizations for Reform Now) Canada est un syndicat communautaire de personnes à revenu faible ou modéré qui compte 177 000 membres répartis dans neuf villes canadiennes. Grâce au soutien de la Fondation McConnell, d’autres partenaires financiers et de la communauté elle-même, des leaders locaux peuvent outiller les locataires adans la défense de leurs droits auprès des propriétaires, des grandes entreprises et des politiciennes et politiciens.  

 « Nos leaders veulent comprendre comment aborder systématiquement la justice climatique, et ce, pour des raisons qui ont trait au logement et à l’environnement », explique Judy Duncan, qui a fondé ACORN Canada en 2004. En plus de ses sections locales, ACORN compte plusieurs syndicats d’écolocataires qui agissent pour que des améliorations positives à la fois pour les locataires et l’environnement soient apportées dans leurs immeubles ou leurs municipalités. 

Le secteur du bâtiment est la troisième plus grande source d’émissions de gaz à effet de serre au Canada. Les vieux immeubles à logements sont parmi les principaux coupables. « Ces immeubles nuisent à l’environnement et c’est là que nos membres habitent en grande partie, puisque les logements y sont plus abordables », affirme Ashley Reyns, la directrice régionale d’ACORN en Ontario. « Il est difficile pour les locataires de voir des réparations être effectuées ». 

About 15 tenants around a table voting.

Des locataires d’immeubles appartenant à Canadian Apartment Properties REIT à Ottawa votent pour former un syndicat d’écolocataires dans leur quartier avec le soutien d’ACORN.

Conséquences inattendues des rénovations écoénergétiques

Alors que tous les paliers de gouvernement tentent de faire face à la crise climatique, les programmes de rénovations écoénergétiques deviennent une façon courante d’orienter des fonds publics vers des travaux de mise à niveau écoénergétique dans les maisons unifamiliales ou les immeubles résidentiels à logements multiples.   

Toutefois, de telles rénovations n’avantagent pas toujours les locataires. En effet, le personnel d’ACORN a constaté que des propriétaires se servent de ces rénovations pour justifier une hausse de loyer considérable, ou encore, procéder à des rénovictions. Dans certains cas, les locataires assument les coûts du projet de rénovation même lorsque le propriétaire a profité d’une subvention fédérale ou d’un prêt à faible taux d’intérêt.  

Selon Bhumika Jhamb, coordonnatrice de la recherche et des communications chez ACORN, « il est important de mettre des mesures de protection en place relativement aux fonds versés par les gouvernements pour des rénovations écoénergétiques ».  

La plateforme nationale d’ACORN en matière de logements vise l’inclusion de clauses d’abordabilité et d’anti-éviction dans tous les programmes de rénovations majeures. Ces clauses permettraient d’éviter que les améliorations écoénergétiques mènent par inadvertance à une explosion des loyers ou à des avis d’éviction pour les locataires. 

Chaque ville a le pouvoir de modifier ses politiques pour apporter ce genre de changement. Les leaders locaux et les syndicats d’écolocataires exercent le plus de pression possible auprès de leur municipalité, avec le soutien de l’équipe nationale d’ACORN, même si au bout du compte, les avancées dans ce domaine dépendent de la réceptivité des responsables politiques et d’autres parties prenantes. 

 

A man holds up a sign with The Heat is no longer about discomfort. It's about Health.Tenants from Canadian Apartment Properties REIT buildings in Ottawa vote to form an eco-tenant union through ACORN in their neighbourhood.

Un participant à une manifestation tient une pancarte : « la chaleur n’est plus une question d’inconfort, c’est une question de santé », dans le cadre d’une campagne pour l’adoption d’un règlement municipal sur une chaleur maximale à Hamilton en Ontario. Une étude nationale menée par ACORN Canada a conclu que 80 % des locataires sont très préoccupés par une augmentation de la chaleur dans leur unité d’habitation. 

Plaider en faveur de règlements municipaux sur les chaleurs extrêmes

Un des enjeux à l’intersection du climat et du logement pour lesquels l’équipe d’ACORN a fait des avancées est d’attirer l’attention sur l’incidence qu’ont les chaleurs extrêmes sur les locataires. Les températures estivales étant en hausse, ACORN a publié en 2023 un rapport national qui se penche sur la façon dont celles-ci menacent la sécurité des locataires.  

 Selon le rapport, 79 % des locataires affirment avoir été touché par des chaleurs extrêmes. Près de la moitié n’ont pas accès à de la climatisation dans leur logement. Les locataires ont mentionné le coût, des restrictions au niveau du bail et le refus du propriétaire comme trois des raisons ayant empêché l’installation d’un climatiseur. 

Selon ACORN, munir les bâtiments de thermopompes écoénergétiques pourrait considérablement améliorer la situation. Cette technologie consomme moins d’énergie pour refroidir ou chauffer les logements, ce qui diminue la facture énergétique et rend la température plus confortable pour les locataires.   

 En raison des efforts de sensibilisation menés par ACORN et d’autres groupes, des campagnes ont été mises sur pied à Hamilton et à Toronto pour l’adoption d’un règlement municipal sur une chaleur maximale. Un tel règlement exigerait que le propriétaire de l’immeuble veille à ce que la température ne dépasse pas 26 degrés Celsius. Bien qu’aucun règlement n’ait encore été adopté, les campagnes ont suscité l’intérêt des conseils municipaux et l’inquiétude du public.  

  C’est en raison de changements de politique graduels comme ceux-là que le personnel d’ACORN poursuit ses efforts de manière dynamique et optimiste. « Quand des changements positifs surviennent, ce n’est jamais parce que le gouvernement s’est réveillé un matin et a décidé d’agir », explique Reyns. « C’est plutôt toujours le résultat d’une action collective et organisée de la part des membres d’ACORN et de nos partenaires. La persévérance porte fruit ».  

Les contributions permettront à ACORN de mettre en place une plateforme politique nationale en utilisant l'expertise communautaire pour renforcer les efforts en matière de politique climatique. 

420,000 $