Logement autochtone : entre territoire, guérison et autodétermination

À l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin, nous sommes heureux de mettre en lumière le travail d’Ecotrust Canada — un organisme à but non lucratif qui, depuis plus de 30 ans, soutient des économies locales et communautaires dans les communautés rurales, éloignées et autochtones à travers le pays. 

Cette vitrine spéciale offre un aperçu exclusif de leur rapport à venir sur le paysage du logement autochtone, qui explore des approches guidées par les communautés elles-mêmes — centrées sur la culture, le territoire et le bien-être collectif. En attendant la publication complète, nous sommes ravis de partager un avant-goût des idées et des récits qu’il contient. 

À propos d’Ecotrust Canada et du programme Indigenous Homelands 

Dans le cadre de cet article, nous nous sommes entretenu.e.s avec Ashli Akins, directrice de programme, et Carrigan Tallio, gestionnaire de programme, qui œuvrent au sein de l’équipe Indigenous Homelands chez Ecotrust Canada. 

« Le programme Indigenous Homelands vise à soutenir les communautés dans leur retour et leur enracinement sur leurs territoires ancestraux, » explique Ashli Akins. 

Avec leur équipe, Ashli et Carrigan s’emploient à éliminer les obstacles juridiques, économiques et systémiques qui freinent l’accès des communautés autochtones à leurs terres d’origine. Leur travail repose sur quatre grands piliers : la gouvernance décoloniale, la gouvernance foncière, les économies circulaires et une approche globale au logement. 

Récemment, elles ont co-dirigé un projet de recherche visant à cartographier l’écosystème du logement autochtone au Canada — en identifiant les acteurs clés, les lacunes à combler et les leviers à activer pour renforcer des systèmes de logement dirigés par les communautés. 

« La Fondation McConnell nous a demandé d’examiner le paysage actuel du logement autochtone au pays. Qui sont les acteur·trice·s ? Où sont les angles morts ? Et surtout, à quoi pourrait ressembler un véritable écosystème de logement piloté par les communautés ? » raconte Akins. 

Le logement : bien plus qu’une infrastructure 

Des abribus ornés d’œuvres d’artistes locaux jalonnent la communauté de la Nation Nuxalk, située sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, dans la vallée de Bella Coola.

Des abribus ornés d’œuvres d’artistes locaux jalonnent la communauté de la Nation Nuxalk, située sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, dans la vallée de Bella Coola. (Crédit photo : Shannon Lough / Ecotrust Canada)

Pour Akins et Tallio, l’un des constats majeurs de leur recherche est que le logement doit être abordé de manière holistique — en particulier dans les communautés autochtones rurales et éloignées, où il est intimement lié aux processus de guérison. 

« Il faut s’éloigner des définitions coloniales du logement. Trop de programmes de financement actuels ne permettent que des constructions à court terme, en mesurant l’impact en vitesse et en nombre d’unités, plutôt qu’en bien-être. Combien de logements peut-on construire ? Mais on ne tient pas compte des services et des infrastructures culturelles qui transforment un logement en véritable chez-soi, » explique Akins. 

« Si le logement se résume à un abri, ce n’est pas suffisant. Il doit être une base pour la croissance, la guérison et la vie communautaire, » ajoute Tallio. 

Toutes deux décrivent le logement comme un pilier du bien-être — non seulement pour les individus, mais aussi pour la santé spirituelle, mentale et physique des familles et des communautés, à travers les générations. 

Des approches autochtones du logement et de la guérison 

Lorsqu’on demande à quoi ressemble l’autodétermination en matière de logement autochtone, Carrigan Tallio évoque le concept stl’mstaliwa des Nuxalk, qui signifie « l’expérience humaine dans son entièreté ». 

« Cette expérience est propre à chacun·e de nous, » explique-t-elle. « Nous avons besoin de foyers qui soutiennent notre mode de vie – la pêche, la chasse, le jardinage, la cueillette. Et au-delà de ça, il nous faut de la flexibilité, et des options de financement sans conditions contraignantes. » 

Ashli Akins abonde dans le même sens : « Certaines Nations sont prêtes à prendre en charge entièrement leur système de logement, tandis que d’autres — souvent dans des communautés rurales ou éloignées — ont besoin de davantage de soutien en ce moment, car elles sont surchargées et manquent de ressources. Mais ce soutien doit s’accompagner de la confiance que chaque communauté sait ce qui est le mieux pour elle, et peut gérer le financement de projets sur son territoire, sans conditions imposées. » 

Sortir du travail en silo pour bâtir une responsabilité partagée

« En ce moment, le secteur est extrêmement cloisonné, » observe Akins. « Beaucoup de gens font un travail essentiel, mais dans l’isolement. » 

« Nous avons parlé à tellement de personnes qui mènent de superbes initiatives dans leur région — des approches qui pourraient être facilement adaptées ou partagées ailleurs. Mais il n’existe aucun système pour faciliter ce type de mise en commun des savoirs. Si on arrivait à rassembler tous les acteurs clés autour de la table, on pourrait commencer à faire une vraie différence, » ajoute Tallio.

Un appel à la collaboration 

Un quartier de la Nation Nuxalk, sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, dans la vallée de Bella Coola.

Un quartier de la Nation Nuxalk, sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, dans la vallée de Bella Coola. (Crédit photo : Shannon Lough / Ecotrust Canada)

L’objectif de ce rapport, insiste Akins, n’est pas de livrer une solution toute faite — mais bien d’ouvrir la voie.

« Ce projet est conçu pour être enrichi, complété et utilisé par d’autres. On veut qu’il suscite des échanges et qu’il donne naissance à de nouvelles collaborations. » 

Tallio renchérit : « Ce rapport est un point de départ essentiel. Il met en lumière les angles morts, là où les communautés autochtones ne sont pas soutenues, et les endroits où il faut renforcer les capacités. » 

Ce coup de projecteur ne représente qu’un aperçu du rapport complet sur le paysage du logement autochtone, à paraître prochainement. Nous avons hâte de le partager, et de continuer à apprendre, à collaborer et à bâtir ensemble au fil de ce travail.